La vie des habitants de la Grand’Anse est compliquée même avant le passage du séisme de 14 août dernier. Depuis plus de 6 mois, soit mois de juin, les Grand’Anselais procurent du carburant à travers les rues à des prix inimaginables. Malgré la trêve de G9 et l’accès quasi possible de Martissant, les pompes de la Grand’Anse ne s’approvisionnassent jusqu’ici et les prix d’un gallon de gazoline surtout le diesel restent 750 et 500 Gourdes pour l’instant
Kathia Laguerre, femme enceinte âgée de 30 ans, citoyenne de Carrefour Sanon, est arrivée à la maternité de l’hôpital Saint-Antoine de Jérémie, le dimanche 14 novembre, en observation avant son accouchement, a dépensé 30 mille Gourdes pour acheter 50 gallons de diesel pour pouvoir mettre au monde son enfant.
Examinée, dans l’après-midi du mardi 16 novembre, par les personnels médicaux, la situation de Mme Laguerre devenait compliquée et le médecin en charge a sollicité une césarienne pour sauver l’enfant et la mère. Faute de carburant au centre hospitalier, les parents de la patiente se trouvaient dans l’obligation d’en trouver, mais à des prix exagérés. Pour cela, ils ont contacté l’opérateur de l’hôpital pour en savoir plus sur la quantité de carburant. Germane Joseph, mère de la patiente nous explique : « L’opérateur de l’hôpital nous a demandé 50 gallons de diesel pour démarrer le moteur. Nous avons proposé 10 puis 20, mais il nous dit sans les 50 gallons, le moteur ne va pas se démarrer ». La vie de deux personnes était en danger et nous n’avions pas d’autre choix que d’acheter. Certes, nous n’avions pas assez d’argent après l’achat des médicaments. Beaubrunc Yonel, mari de Kathia, est allé emprunter de l’argent chez quelqu’un pour pouvoir acheter les 50 gallons de diesel pour un montant de 30 mille Gourdes soit 600 Gourdes par gallon, avance la mère de Kathia.
Les 50 gallons de carburant sont disponibles ainsi que les médicaments et les personnels soignants pour la réalisation de l’opération, cependant il manque une carte pour compléter la partie, la gestion de l’opération. L’opérateur nous a demandé 2000 Gourdes comme frais pour démarrer le moteur, nous a dit madame Germane. Nous avons répondu affirmativement. L’opération s’est réalisée ce matin, tout passe bien, mais nous n’avons pas encore livré les 2000 Gourdes, poursuit la mère du patient.
Depuis ce matin, à la maternité de l’hôpital Saint-Antoine, les patients et parents se plaignent de cette méchanceté. Pourtant tout est grâce, la vie de ma vie vaut plus que ça. Je vais retourner à Carrefour Sanon, vends quelques biens et paie les dettes, conclut madame Germane avant de retourner au chevet de sa fille.
Contacté par l’équipe de J-COM, un employé de Haïtian Health Foundation (HHF), nous a fait savoir : « Lorsque nous avons une femme enceinte en situation difficile qui exige une césarienne, nous n’envoyons que 18 gallons de diesel à l’hôpital Saint-Antoine pour la réalisation de l’opération, s’il y a un problème d’énergie».
À signaler, la direction de l’hôpital Saint-Antoine, dans une note datée du 12 novembre 2021, a fait savoir que le fonctionnement de l’hôpital est perturbé par le manque de l’électricité et la non disponibilité du carburant diesel dans la ville, ce qui paralyse les services clés de l’institution comme : la salle des opérations et le laboratoire.