Les images de l’entrée, le centre, le marché public et plusieurs quartiers de la ville de Jérémie montrent clairement qu’ils sont abandonnés dans un état lamentable, jonchés de détritus en tout genre, de bouteilles de bière, des flacons d’ivresse et même la présence de pourceaux. Une situation inquiétante aux yeux de certains résidents qui dénoncent un comportement inacceptable de la part des autorités municipales et des gens qui jugent bon de laisser les déchets dans la nature, à l’air libre.
Les habitants pointent du doigt la saleté de la cité des poètes
La saleté de ladite ville et l’inaction des autorités face à cette situation font l’objet des critiques récurrentes des notables qui y vivent. L’enjeu dans tout ça n’est pas uniquement sanitaire. « On est certain qu’en dehors d’un cadre de vie respectant les règles d’hygiène et d’assainissement, la santé et le bien-être ne sont qu’utopiques », estime Germain Papouche, l’un des responsables d’une organisation locale chargée de la propreté et de la gestion des déchets, lors d’une rencontre avec des techniciens sanitaires, le 14 Mars dernier.
Il déplore en effet, la présence constante d’animaux, de détritus dans les rues de la ville et d’autres lieux, surtout au marché public de Jérémie.
« Il est humiliant de se voir quotidiennement en compagnie des pourceaux et de voir disposer des produits destinés à la consommation dans un environnement pareil : Pas d’eau, pas d’infrastructures adéquates pour la gestion des déchets, pas de désinfection », dénonce Marlène, une marchande qui respire chaque jour l’odeur de déchets laissés dans les parages du marché public.
« Pas d’installation sanitaire, les marchands font leurs besoins à même le sol, non loin du marché, sur les rochers de la mer » conclut-elle.
La gestion des opérations du service de voirie mis en cause
L’évidence des problèmes de salubrité publique reste criante à Jérémie. Des détritus partout, des eaux stagnantes dans des nids de poule et nos rigoles, des déchets biologiques dangereux en décomposition produisant ainsi une odeur nauséabonde et une prolifération accrue d’insectes et de rongeurs, qui complique la vie des citoyens, conséquences directe de l’absence ou le manque des opérations du service de voirie de la municipalité.
Tout cela contribuait à expliquer le classement de Jérémie parmi les communes ayant le plus haut taux de parasitose intestinale, soit 80% en moyenne des enfants de 6 à 15 ans, selon une enquête menée par la direction d’épidémiologie, de laboratoire et de recherches (DELR) en Novembre 2013, toujours selon ce travail réalisé par cette cellule de MSPP : 31,670 cas de choléra et 1,101 depuis l’entrée du choléra en Haïti. Sept ans après Jérémie est loin d’être la ville haïtienne la plus propre.
La propreté et la gestion des déchets à Jérémie doivent être l’affaire de tous
Pour rappel la Mairie de Jérémie ne fournit aucune donnée sur le nombre d’éboueurs qui œuvrent pour la propreté de nos rues, sur la collecte de tonnes de déchets, comment ces derniers sont traités ou valorisés ?
Bien qu’il soit pressant, mais il est temps pour les communautés, les autorités locales et gouvernementales, de prendre des mesures visant la protection des citoyens. Car, une réapparition de pathologies déjà éradiquées en Haïti et une recrudescence de maladies contrôlables par l’hygiène et l’assainissement est annoncée.
Quand le cadre sera fixé, les nouveaux officiers sanitaires soutiennent l’hypothèse de rapatrier la gestion de la voirie et la propreté au marché, mal géré par la mairie depuis 1986.
Une telle formule aurait valeur de garantie pour la prévention des maladies, constituerait un vrai lien d’insertion dans la vie sociale et permettrait de gérer les situations non seulement dans l’urgence, mais aussi bien dans la durée.
Pour les techniciens sanitaires, la situation sanitaire et environnementale qui se présente en Haïti doit permettre d’accueillir de nouvelles propositions et de compétences dans le domaine de l’hygiène et de l’assainissement. Pour reprendre Désir Odlet, un officier sanitaire attaché à l’Hôpital de Dame Marie. « La population a des attentes. Il faut pouvoir les satisfaire en posant des actes favorables à leurs intérêts surtout à leur santé ».
Il a aussi insisté sur l’urgence de l’heure et l’obligation de mettre en œuvre un plan globale d’assainissement pour le pays. Si on veut, on peut mettre un mécanisme intégrant tout le monde et changer l’état actuel et l’image de notre pays, conclut-il.
De toute évidence la propreté et la gestion des déchets dans la ville est l’affaire de tous : mairie, professionnels, associations, habitants.
Mario MARCELIN
mario.marcelin@yahoo.fr
