Tu es parti un 29 janvier comme ton papa, Andris Eugène, que tu as profondément aimé malgre ke nou te 2 toro nan menm savann. Tu nous as quittés comme tu as vécu. Avec une grande touche de surprise et de philosophie. Car vois-tu, ta mort nous a tous pris de court. Aucun d’entre nous n’était prêt à te dire adieu. Mais étrangement, toi, tu étais prêt à changer de dimension. Très jeune, tu avais vite compris que ta vie n’était pas le fruit du hasard, de la chance ni d’un accident. Tu savais que tu n’étais, sur cette terre, qu’un résident temporaire, un hôte de passage et qu’il te fallait ainsi vivre à tout prix. Vivre pleinement. Tu savais le poids et la valeur de chaque seconde. Cette prière du psalmiste Davidétait pour toi une sublime boussole: « ÔÉternel, fais-moi savoir quand finira ma vie, quel est le nombre de mes jours, afin que je sache à quel point ma vie est éphémère. »
C’est cette connaissance profonde de ta fragilité et cette foi en l’éternité qui ontconduit tes pas dans cette ville qui n’a jamais quitté ton cœur. Jérémie, témoin secret de tes années folles. De ces après-midis sans fin durant lesquels tu disputais plusieurs parties de football avec tes camarades. Tu jouais au foot comme tu jonglais avec le destin. La tête baissée, fonçant avec fougue. Souvent, c’étaient les cris furieux de tes coéquipiers qui te faisaient remarquer, que dans ta course effrénée, tu avais quitté depuis longtempsles limites du terrain de jeu.
Le plaisir du sport t’a aussi aidé à découvrir et à cultiver le sens de l’amitié. Tu étais un ami fidèle sur lequel on pouvait toujours compter. Ta loyauté exigeait même que tes copains portent des chaussures dernier cri, comme toi. Une fois, tu es allé jusqu’à utiliser le montant de six mois d’écolage pour offrir à tous tes amis une paire de baskets très à la mode à l’époque.
Par-dessus tout, Jérémie représentait pour toi un appel à te dépasser, à accomplir cette grande mission à laquelle, selon toi, Dieu t’avait prédestiné. Toute ta vie, tu n’avais qu’un objectif : participer au bonheur et à l’émancipation de tes semblables, à la construction d’un monde meilleur. Ainsi, tu as abandonné tes rêvesde devenir ingénieur comme l’était ton parrain de baptême Pierre Faucher. Tu asplutôt choisi de travailler comme le premier directeur de l’École nationale des Abricots car tu étais persuadé que c’était cette voie qui te permettrait de remplir ta vocation d’humaniste. Quand plus tard, tu as décroché un baccalauréat en administration, aux États-Unis d’Amérique, tu aurais pu y rester etgagner aisément ta vie. Mais tu as tout laissé derrière toi pour te mettre au service de la communauté grand’anselaise. La mise sur pied avec tes proches amis de l’organisation Regard en est une preuve éclatante. Cette organisation symbolise ton amour des lettres, de la culture et de l’épanouissement intellectuel continu.
Bien plus qu’un ami dévoué ou un membre fondateur de Regard, tu as été un homme de famille. Sous des couverts d’indifférence et de froideur, tu cachais une grande sensibilité pour tous tes proches. Lorsqu’on arrivait à briser ta carapace et accéder ainsi à ton intimité affective, on y découvrait un monde de bonté, de tendresse et de don de soi.
Gaga, ton départ brutal et prématuré nous plonge dans la stupeur et le désarroi. Tu as marqué tous ceux qui croisaient ta route d’une empreinte indélébile.
Toi, fils des Abricots
Toi, homme au grand cœur, à l’amourdésintéressé à l’image de ta maman Lauriana Révolus
Toi, homme résolument libre, sans peur ni concessions
Toi, homme géant de papier qui s’effondrait au moindre malheur et vivait ses émotions intensément
Toi, amoureux fou de la vie
Nous te porterons à jamais dans nos cœurs. Tu nous manques profondément.
Ta famille qui t’aime.