Jusque récemment, le prix Nobel de la paix a imposé sa petite silhouette ronde et son franc-parler légendaire pour dénoncer les injustices et écorner tous les pouvoirs.
Après l’avènement de la démocratie en 1994, et l’élection de son ami Nelson Mandela à la tête du pays, Desmond Tutu, qui a donné à l’Afrique du Sud le surnom de « Nation arc-en-ciel », avait présidé la Commission vérité et réconciliation (TRC) dont il espérait qu’elle permettrait de tourner la page de la haine raciale.
The Arch, comme le surnommaient affectueusement les Sud-Africains, était affaibli depuis plusieurs mois.
Il ne parlait plus en public mais saluait les caméras présentes à chacun de ses déplacements, sourire ou regard malicieux, lors de sa vaccination contre le Covid dans un hôpital ou récemment, en octobre, lors de l’office religieux au Cap pour célébrer ses 90 ans.
Desmond Tutu avait acquis sa notoriété aux pires heures du régime raciste de l’apartheid. Alors prêtre, il organise des marches pacifiques contre la ségrégation et plaide pour des sanctions internationales contre le régime blanc de Pretoria.
Sa robe lui a épargné la prison. Son combat non-violent avait été couronné du prix Nobel de la paix en 1984.
Après la fin de l’apartheid, fidèle à ses engagements, il avait dénoncé les dérives du gouvernement de l’ANC, critiquant les errements de l’ancien président Thabo Mbeki dans la lutte contre le sida mais aussi la corruption.
En 2013, il avait même promis de ne plus jamais voter pour le parti qui a triomphé de l’apartheid. « Je n’ai pas combattu pour chasser des gens qui se prenaient pour des dieux de pacotille et les remplacer par d’autres qui pensent en être aussi », avait-il déploré.
La dernière fois que le pays a eu de ses nouvelles, c’était le 1er novembre. Loin des regards, il avait voté aux élections locales.
sources : #FranceGuyane