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Mgr Guy Sansaricq, l’un des derniers survivants du massacre des vêpres jérémiennes , est mort

Jérémie et la Grand’Anse continuent de faire le deuil en ce moment crucial. En effet, nous venons vous informer que l’un des nôtres vient de faire le voyage sans retour. Natif de la Cité des Poètes, l’un des rares rescapés de leur famille, lors du massacre communément appelé « Les Vêpres Jérémiennes » perpétré sous le régime dictatorial de François Duvalier en 1964 parce que l’un était envoyé aux études et l’autre en mission en terre étrangère, vient de faire ses adieux à ce monde de luttes interminables sans avoir vu le changement de son pays qu’il a toujours rêvé et pour lequel il s’est inlassablement battu.


Ordonné prêtre le 29 juin 1960 en la fête de Saint-Pierre Apôtre pour le Diocèse des Cayes, 12 ans avant l’érection du Diocèse de Jérémie, Mgr Guy Sansaricq est le premier caraïbéen, le premier noir, le premier haïtien promu évêque aux États-Unis d’Amérique. Il est mort le 21 août 2021 à l’âge de 87 ans. Alors qu’il s’apprêtait à célébrer ce dimanche 22 août 2021 son 15ème anniversaire épiscopal et devait aussi présider une cérémonie œcuménique à la Cathédrale St. John Divine de New York en signe de solidarité avec la population de la péninsule du Sud d’Haïti victime du violent séisme de magnitude 7.2 sur l’échelle de Richter, il y a une semaine. Pour rappel, dès le 22 août 2006, date de son intronisation comme évêque auxiliaire de l’Archidiocèse de Brooklyn, New York, le zélé défenseur des immigrants commença à engager une bataille sans merci pour une meilleure propagation de l’évangile de Jésus-Christ à travers les médias et créa sa propre organe dénommée « Solidarité ». Il resta à son poste jusqu’à une année après son âge de démission canonique prévu par le code de droit canon, 75 ans pour les membres de l’épiscopat. Sa démission a plutôt été acceptée par le Saint-Père l’année suivante, le 6 octobre 2010.


Mgr Guy Sansaricq est né le 6 octobre 1934 et a grandi à Jérémie où il fréquenta l’École des Frères de l’Instruction Chrétienne (FIC), ci-devant Frère Paulin avant de se rendre au Petit Séminaire du Collège St-Eugène de Mazenod à Camp-Perrin pour ses études secondaire jusqu’à la philo. Il rencontra sur son parcours scolaire d’autres adolescents tels Joseph Willy Romélus, Pierre Nicolas Hubert Constant, Jean Alix Verrier, Jean Nérée Lindor, Raymond Renauld, Gustave Éveillard, etc. La plupart sont devenus prêtres, évêques, d’autres laïcs engagés consacrés au service de l’Église.


Après les années de formation au séminaire de sa terre natale, à son jeune âge, Guy est parti au Canada pour étudier la philosophie et la théologie à l’Université Pontificale Saint-Paul en Ontario où il a passé sept années. Après son ordination presbytérale en 1960, il a trouvé sa toute première obédience comme vicaire à la Cathédrale Notre-Dame des Cayes. Ensuite, sa formation et la générosité de son cœur l’orientèrent sur le chemin des immigrants haïtiens dans les Caraïbes particulièrement à Nassau et aux Bahamas dont il devenait aumônier et défenseur. Au terme de quatre années d’études à l’Université Pontificale Grégorienne de Rome il décrocha une maîtrise en Sciences Sociales. De retour d’Italie en 1971, le Père Guy Sansaricq passe au service de l’Archidiocèse de Brooklyn, NY. Il a œuvré pendant 22 ans à la Paroisse du Sacré-Cœur de Cambria Heights. Là, il s’est encore retrouvé sur le chemin de ses compatriotes. Il est donc nommé Coordonnateur Diocésain de l’Apostolat Haïtien. Le succès de son immense tâche missionnaire a grandement contribué à sa nomination en 1987 à titre de Responsable National de l’Apostolat Haïtien par la Conférence des Evêques Catholiques Américains. Il devient en 1993 curé à la Paroisse St. Jérôme à Brooklyn, NY. Avant d’être accueilli par ses frères dans l’épiscopat, il était nommé Prélat d’Honneur de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II en 1999 au même rang que son petit camarade du Collège St-Eugène de Mazenod, Camp-Perrin, feu Mgr Nérée Lindor.


L’évêque émérite est surtout réputé pour un grand orateur, un homme de grand cœur et pour sa position en faveur des immigrants haïtiens, entre autres les sans-papiers, au pays étoilé. Il a toujours lutté pour qu’il y ait une Haïti libre et respectée aux yeux du monde. Pour preuve, on peut se rappeler sa réaction contre la déclaration intempestive d’un cardinal de la république voisine minimisant les mauvais traitements infligés à ses compatriotes. Il voulait juste redresser la barre pour lui faire savoir que nous sommes un grand peuple, en dépit de la situation sociopolitique dans laquelle se trouve Haïti, on dirait, depuis la nuit des temps.


Que la terre lui soit légère et que son âme repose en paix par la miséricorde de Dieu.

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