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Les Îles Cayemites, les oubliées du séisme du 14 août

De Pointe Sable à Anse-à-Maçon, la situation des personnes affectées par le tremblement de terre du 14 août 2021, demeure encore critique, voire infra humaine. Bien avant le séisme, la présence des autorités sur l’île n’était pas remarquée et les riverains vivaient l’enfer au quotidien. Aujourd’hui encore à un mois du violent tremblement de terre qui a secoué sévèrement la commune le 14 août dernier, les habitants de cette île vivent encore le pire cauchemar de leur vie. JCOMétait sur place pour constater les dégâts causés par le séisme dans cette commune du département de la Grand’Anse.

Assis sur les débris, très triste, Jobré Pierre, est l’un des victimes qui refuse de laisser les lieux où était érigée sa maison complètement détruite par le séisme. Il explique qu’il n’a d’autre choix que de rester sur l’île, car il n’a pas d’autre endroit où aller. « Ici sur l’île nous sommes abandonnés à notre sort, ma maison s’est totalement effondrée. Chaque soir,je dors à la belle étoile, je suis obligé de confier mes enfants comme domestiques à des personnes qui habitent à Jérémie, qui peuvent vraisemblablement les aider », a lâché M Pierre, très ému au moment de son intervention.

« Déjà avant le séisme, a continué notre interlocuteur d’une voix teintée d’une profonde tristesse, nous ne vivions pas comme on devrait censé l’être. Après le séisme c’est devenu pire encore, nos besoins en nourriture, eau potable, bois, planche, tôles continuent de s’accroître et sont devenus encore plus pressants. Malheureusement, il est triste de constater que nous ne pouvons pas compter sur nos dirigeants pour faire face à cette désolante situation », a ajouté Jobré, l’air dépité, lassé de la vie.

Sur l’île, seule la présence d’une église Catholique est remarquée comme institution. Pas d’édifices indiquant la présence de la police, de la justice, encore moins une structure communale Le bâtiment qui loge la Mairie, si l’on en croit les habitants, est fermé depuis des mois. La présence de  l’agent intérimaire qui a été nommé n’est pas remarquée non plus, à cause d’un conflit entre les membres du cartel. Les habitants de l’île se sont tout simplement livrés à eux-mêmes, attendant encore un dernier espoir venant du gouvernement pour mettre fin à leur périple.

 « Après l’ouragan Matthew, on n’avait reçu aucune aide de l’Etat, aujourd’hui encore on ne peut compter sur ce dernier. On ne peut que remercier le révérend Marc Donald, le représentant de l’église Catholique sur l’île, après le séisme c’est lui qui nous a aidés à retrouver des tentes pour parer la pluie. Cela nous a beaucoup aidé et il continue de veiller sur nous avec le peu qu’il trouve », dit Charles Chabine, qui vit sous une tente avec ses deux enfants depuis le séisme.

« Ma petite fille, âgée de 3 ans, a été gravement brûlée lors du séisme. Pour l’instant elle est à Jérémie, à l’hôpital Saint-Antoine, elle combat pour sa survie », a confié une grand-mère, d’une voix éplorée. « Les minutes qui ont suivi le séisme ont été très dures pour la famille et elle continue encore de lutter pour sauver ma petite fille », «  Là où l’on vit la mer a l’habitude d’inonder notre maison, à cause de nos faibles moyens économiques on ne peut pas encore résoudre ce problème, notre priorité pour l’instant c’est sauver l’enfant », témoigne Madame Sabine, la grand-mère de l’enfant, qui se dit très inquiète.

En réalité, sur les Îles Cayemittes, les services publics sont inexistants : pas de centre de santé, pas d’électricité, pas de route, pas un système d’eau potable, et la nourriture se fait rare. Les insulaires qui ne sont pas encore relevés des dégâts de l’ouragan Matthew, depuis octobre 2016, semblent désormais plongés dans le gouffre du désespoir suite au séisme du 14 août 2021. Il leur reste au moins ce sentiment de colère et de de frustration. Et l’espoir que la communauté internationale leur apportera son soutien, car ils ne croient plus dans le gouvernement de leur pays. 

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