C’est à Jérémie, département de la Grand’Anse, une ville située dans la péninsule du sud d’Haïti à 297 kilomètres de Port-au-Prince, la capitale, que le Collège du Sacré-Cœur a été fondé en 1988 par Son Excellence Mgr Joseph Willy ROMÉLUS pour permettre à de nombreux enfants de recevoir le pain de l’instruction. Chemin faisant, de nombreuses générationsd’hommes et de femmes sont formés pour devenir utiles etresponsables dans la société et dans l’Église.
Depuis la saison hivernale de 1988 une rumeur parcourait la cité des poètes faisant croire qu’une école allait ouvrir ses portes à Source Dommage en octobre prochain. Un ancien enseignant chez les Frères de l’Instruction Chrétienne (FIC), ci-devant École Frère Paulin, ancien directeur de l’École Noréline Marc, M. François Cheyner Despeines, la confirma. En effet, il caressait l’intention d’ouvrir une école préscolaire et primaire, mais il lui fallait réunir les conditions nécessaires pour partir à point. Il attendait le bon moment. Alors qu’il alla en parler à son bon ami, Mgr Willy Romélus. C’est alors qu’il découvrit que le même rêve traversa le cœur de l’évêque de Jérémie et était sur le point d’être matérialisé. Le prélat avait besoin d’hommes capables d’assurer la charge d’une école qui réponde au besoin de la population jérémienne, surtout un manque d’écoles de qualité au niveau primaire se faisait sentir à un moment où les écoles nationales qui préparaient de brillants élèves pour les collèges et les lycées commencèrent à perdre de leur performance en raison des turbulences politiques répétées qui contraignaient les parents à garder leurs enfants chez eux. On ne voyait presque pas la rivalité au CEP entre Frères Paulin & Cléverain Hilaire (Kay Frè/Kay Kaz), Pétion Laforest(maintenant EFACAP) & Notre-Dame de Lourdes (Kay Sè) pour la course au lauréat départemental. C’étaient les quatre meilleures institutions scolaires de la cité d’Etzer Vilaire. D’autant plus qu’il n’y avait pas encore à l’époque un nombre aussi imposant qu’aujourd’hui d’écoles primaires privées. Or,les parents n’en avaient vraiment pas besoin dans les années antérieures vu qu’il existait de bonnes écoles publiques pour confier la formation de leurs progénitures. Du choc des deux rêves, comme deux esprits se communiquant, si l’on peut s’exprimer ainsi, une école allait voir le jour.
Au printemps de 1988, les préparatifs allaient bon train pour l’ouverture officielle de la première institution scolaire de Jérémie, ayant trois niveaux de formation dès son apparition, Kindergarten, primaire et secondaire, qui portera dignement le nom du Collège du Sacré-Cœur. C’est grâce à la générosité de Tom Mc David, un diacre américain, de la congrégation des Pères du Sacré-Cœur que le diocèse de Jérémie s’est procuré le terrain sur lequel se trouvaient deux maisons à plusieurs étages. Ainsi, l’année suivante, le premier pavillon logeant la section primaire (Fondamentale) fut construit. C’est la raison pour laquelle Mgr Willy Romélus demanda de le dénommer Pavillon Deacon Tom Mc David ; question d’honorer son nom et lui montrer la gratitude des Jérémiens. Plus tard, deux autres pavillons allaient être construits, un pour le Kindergarten et un pour le Secondaire, respectivement baptisés Pavillon Notre-Dame et Pavillon Saint-Joseph. En octobre 2009, avant de passer la charge épiscopale à son successeur Mgr Joseph Gontrand Décoste, le corps professoral, de concert avec le staff de la direction, voulait que le dernier pavillon porte le nom de l’homme aux mains de grand bâtisseur et au cœur de maître orant. Le locataire du palais épiscopal refusa d’un revers de main en souhaitant qu’il soit dédié à un Saint. Le dimanche 18 octobre 2009, le Maire de Jérémie, le Dr Pierre Ronald Etienne, dans son allocution pour accueillir le nouveau titulaire du diocèse et saluer la rentrée au rang des évêques émérites d’Haiti du Prélat qui a passé la majeur de partie de sa vie à servir la Grand’Anse depuis son ordination presbytérale, martela qu’«il serait juste qu’une œuvre de la cité porte le nom de l’ancien curé de la Paroisse Notre-Dame du Perpétuel Secours de Latibolière ». Tandis qu’une semaine avant, le vendredi 9 du même mois, le directeur de l’institution des Sacrés Collégiens prononça son discours à la Cathédrale de la Médaille Miraculeuse lors d’une cérémonie d’hommages en l’honneur du fondateur au cours de laquelle il laissa entendre que : « Étant donné que dans le prénom composé de l’évêque il y a Joseph, et que le pavillon doit porter le nom d’un Saint, à juste titre et par heureuse coïncidence, le bâtiment du Secondaire portera le nom de Saint Joseph. » Sans toutefois oublier que l’évêque émérite et son successeur dont le premier prénom étant Joseph ont une dévotion à la Vierge Marie et à Saint-Joseph.
La demande de licence de fonctionnement était soumise avant la première rentrée scolaire. Le directeur recevait le OK du Ministère de l’Éducation Nationale. Mais il fallait attendre le 4 avril 1989 pour que celle-ci soit octroyée. C’est la raison pour laquelle plus d’un pensent que le Collège du Sacré-Cœur est fondé cette année là.
Après la traditionnelle messe du Saint-Esprit à la Cathédrale Saint Louis célébrée la veille, le Collège du Sacré-Cœur, sous l’administration de M. François Cheyner Despeines accueillait sa première cohorte d’enfants le mardi 4 octobre 1988 pour les groupes Préscolaire 1, Préparatoire 1 et 2, et Sixième Secondaire dans deux anciennes maisons coloniales qui se trouvaient sur son actuel site. L’équipe de la direction se présenta comme suit :
M. François Cheyner Despeines, Directeur Administratif
M. Ricot Perrault, Directeur du Secondaire
M. Eugène Michel Directeur du Primaire
M. Léon Coicou, Assistant
Deux années plus tard Mme Solange François Siméon retrouva l’équipe pour la section du préscolaire avant d’être affectée à la direction du fondamental 1 et 2.
Ainsi, le Collège du Sacré-Cœur depuis sa fondation a toujours eu de valeureux directeurs. Après le départ de M. Ricot Perrault comme directeur du secondaire, c’est l’ancien directeur du Lycée Nord Alexis et l’ancien inspecteur du secondaire, M. Jean Robergeau qui le dirigea jusqu’en 2001. Plus tard, M. Michel Riquet Dorimain, après avoir décroché ses deux maitrises respectivement en science de l’éducation et en théologie au Canada, entra dans sa ville natale et apporta une touche tout à fait spéciale dans le mode de fonctionnement de l’institution diocésaine en prenant des décisions pédagogiques mûrement réfléchies qui impactaient positivement la communauté jérémienne. Parmi les décisions de sagesse prises avec l’approbation de l’évêque du diocèse, nous pouvons dire que les circonstances de l’époque lui inspiraient l’idée de faire seulement les sections du préscolaire et les trois cycles du fondamental afin de faciliter un meilleur apprentissage à ses élèves, et ce, en fonction des normes pédagogiques internationales. Le résultat escompté ne tardait pas à se révéler au grand jour. Il éleva le niveau et gagna la confiance de l’autorité parentale. Au regard de la performance, le CSC n’avait rien à envier des meilleures institutions scolaires de Port-au-Prince. Mais contre toute attente en mai 2008 pour des raisons personnelles le Directeur Général présenta sa démission à S.E. Mgr Willy Romélus. Il sera succédé par l’un des deux premiers artistes, l’un des deux écoliers (Enock François et Jean Denny Beaublanc) qui avaient dessiné, sur demande de M. Cheyner Despeines, les locaux qui allaient accueillir la première génération de futurs intellectuels et cadres du pays. À partir de septembre 2008, Mgr Willy Romélus confia la charge du Collège du Sacré-Cœur au Père Jean-Marie Denny Beaublanc, très jeune, assisté d’une équipe compétente et dynamique, qui décida, tout en faisant montre de son originalité à travers de nouvelles approches dans la formation, de marcher sur les traces de son prédécesseur pour aller de l’avant. Il est le premier prêtre à occuper ce poste. En effet, tout allait bien comme avant à un point tel que cette institution scolaire a connu avec lui des succès fulgurants aux examens d’État en 6ème AF, 9ème AF, Rhéto et Philo au vu et au su de tous sans parler des compétitions à caractère éducatif. D’année en année plusieurs lauréats ont marqué leur nom dans le palmarès départemental et national. En 2015 le directeur fondateur du Lycée Saint-Luc et de l’École Nationale Saint-Luc, Père Jean Joachim Samedy a pris les rênes du collège pour un passage de deux ans. Il faisait de son mieux afin de le maintenir sur son élan. Il est remplacé par son assistant, Père Jean Wagnel Defay en septembre 2017.
Les Sacrés Collégiens ont constamment la tête altière et haut le front pour entonner l’hymne de leur cœur qui est un stimulant de victoire, de succès et de réussite. « Vivons, vivons une école, une devise, … » Sous leur uniforme crème et rouge ils ont quatre verbes pour motivation : «Découvrir-Accomplir-Devenir-Grandir.» On ne fête pas la date de la fondation du CSC, encore moins la date de son ouverture officielle, mais son patron, le Sacré-Cœur de Jésus, que le calendrier liturgique de l’Église Catholique Romaine présente comme une fête dite mobile qui tombe ordinairement au deuxième vendredi après la célébration de la Sainte Trinité. Pour chanter la gloire de Dieu qui a donné à l’humanité son Fils unique Jésus-Christ, lui qui s’est livré sur la croix pour le salut du genre humain, Turin Fitche, professeur de littérature et ancien élève du CSC et Branly Dimanche ont eu à cœur de doter cette institution d’une chorale après un test réalisé à la salle polyvalente de la paroisse Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse le 24 avril 2010 dans un concert spirituel présenté en commun accord avec le Gospel Saint-Louis à l’occasion de l’anniversaire de Mgr Gontrand Décoste et de M. Carmelo Laguerre, le plus ancien professeur du CSC, que les élèves des deux collèges diocésains voulaient honorer. C’est pourtant le 11 octobre 2010 que la chorale Exultet du Sacré-Coeur est fondée pour animer les messes dominicales et présenter des concerts spirituels chaque année en la fête des aïeux.
Dans toutes les langues du monde, le mot « cœur » est synonyme d’accueil, de tendresse, de miséricorde. Nul mieux que Jésus n’a su révéler la bonté du cœur de Dieu, son attention aux petits et à leurs misères quotidiennes. Jésus a vécu cet amour dans un oubli constant de lui-même, jusqu’au don suprême sur la croix. Tout en espérant que tous ceux qui ont une dévotion au cœur sacré de Jésus, manifestent dans leur vie un désire de tendresse et de miséricorde pour accueillir Jésus dans leur prochain, J-COM profite de l’occasion pour souhaiter aux chrétiens catholiques, particulièrement aux Sacrés Collégiens, bonne fête du Sacré-Cœur.
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