Le dossier de John Cadafy Noël soulève de nombreuses interrogations et pourrait, à lui seul, ouvrir une véritable réflexion sur la sécurité au sein du Palais de justice de Jérémie.
Le 17 juillet 2025, des agents de l’UDMO (Unité Départementale de Maintien d’Ordre) se sont rendus au parquet de Jérémie pour accompagner une policière signifiée par le parquet pour une comparution par devant le tribunal correctionnel, à la suite d’un conflit survenu quelques jours plus tôt avec un huissier du tribunal de première instance, devant la Banque Nationale de Crédit (BNC) de Jérémie. Le PDG de découvrir la Grand’Anse, John Cadafy Noël, quant à lui, était présent pour couvrir l’événement des deux entités du ministère de la justice. C’est dans ce contexte qu’un incident majeur a éclaté, des matériels renversés et des propos déplaisant s’étaient entendues au Palais de justice.
Un Palais de justice vulnérable et sans sécurité réelle
Malgré la gravité de l’incident, aucune mesure concrète n’a été prise par les autorités judiciaires de la juridiction pour renforcer la sécurité de cet espace pourtant stratégique.
Le Palais de justice de Jérémie, qui abrite à la fois le tribunal de première instance et le parquet, demeure un espace totalement vulnérable, dépourvu de tout dispositif de sécurité efficace. Aucune présence policière fixe, aucun poste de contrôle à l’entrée, aucune caméra de surveillance. Les portails restent ouverts, permettant à n’importe quel individu d’y pénétrer librement, sans fouille, sans vérification d’identité, ni inspection des sacs ou des effets personnels.
Dans les couloirs du Palais, les visiteurs circulent sans restriction, passant d’un bureau à l’autre y compris ceux des juges et des commissaires du gouvernement sans qu’aucune autorité ne les interroge sur le motif de leur présence.
Cette situation expose tout le personnel judiciaire les greffiers, les avocats, les huissiers ainsi que les détenus en garde à vue, à des risques majeurs d’agression, d’évasion etc
Le commissaire du gouvernement, Jean Marie Gaetjens Alexandre, avait lui-même reconnu, lors de l’émission RalphoShow du 3 octobre 2025, que le parquet ne dispose que d’un seul agent de sécurité. Il avait également souligné le manque d’électricité dans les locaux .
Jérémie : entre modernité et retard institutionnel
Ironiquement, Jérémie abrite l’une des plus grandes écoles numériques du pays, le St. Francis School of Technology Opens (Take4Kids), symbole d’innovation et d’espoir pour la ville. Pourtant, les institutions publiques, dont le Palais de justice, demeurent très éloignées du progrès numérique. L’absence de caméras de surveillance, d’imprimantes fonctionnelles et de systèmes informatisés rend le travail des juges et des parquetiers extrêmement difficile, dans un monde pourtant dominé par la technologie.
Mais le danger ne s’arrête pas là. La confidentialité des données judiciaires est elle aussi gravement menacée. Toujours selon le commissaire du gouvernement Me Alexandre, les dossiers des justiciables doivent être imprimés ailleurs, faute de matériel disponible. Autrement dit, des documents sensibles de l’État, contenant des informations personnelles, des preuves ou des décisions de justice, sortent régulièrement du Palais pour être imprimés dans des imprimeries privées de la ville. Cette pratique met directement en péril la confidentialité des procédures, la protection des données personnelles et la crédibilité même de l’institution judiciaire.
Dans un tel contexte, rien ne garantit la sécurité ni des personnes, ni des informations, transformant le Palais de justice de Jérémie en un lieu à haut risque, où la justice se rend dans l’improvisation et la fragilité.
À Jérémie, seule l’aéroport est protégée contre le survol des drones, alors que le Palais de justice reste sans aucune interdiction aérienne, une faille sécuritaire supplémentaire qui expose encore davantage l’institution.
Un homme symbole d’un système à réformer
John Cadafy Noël, incarcéré seul dans cette affaire depuis le 21 juillet 2025, a été renvoyé simultanément devant deux tribunaux par le juge Marc Donald Janvier : le tribunal correctionnel et le tribunal criminel sans assistance de jury. Cadafy est reconnu comme l’un des acteurs numériques les plus dynamiques de la communauté jérémienne. Son expérience et sa vision auraient pu contribuer à moderniser les pratiques judiciaires et à renforcer la sécurité et la transparence au sein du Palais de justice.
Malheureusement, au lieu de tirer les leçons de ce dossier, les autorités judiciaires semblent avoir choisi la politisation. L’affaire s’est transformée en un conflit ouvert entre le parquet et le tribunal de première instance, au détriment d’une réflexion sur les véritables problèmes de fond.
Ironiquement, dans la ville de Jérémie, les marchés, dépôts et quincailleries sont souvent plus sécurisés que le Palais de justice.  Un constat alarmant qui illustre à quel point manquent, au cœur même de l’institution judiciaire, la sécurité, la transparence et les moyens techniques indispensables à l’exercice d’une justice digne de ce nom.
L’affaire John Cadafy Noël dépasse aujourd’hui le simple cadre judiciaire. Elle met en lumière un ensemble de failles structurelles qui minent le fonctionnement du Palais de justice de Jérémie.
Si la justice doit inspirer la confiance, elle doit d’abord garantir la sécurité de ses acteurs, la transparence de ses pratiques et l’accès équitable à la technologie.
Le moment est venu pour Jérémie et pour le pays tout entier de repenser en profondeur la manière dont la justice fonctionne, afin que les tribunaux deviennent enfin des lieux sûrs, modernes et dignes du pays.
 
								 
															 
															




