Une grande voix du féminisme s’est éteinte. Gisèle Halimi aura marqué le siècle. Cette célèbre avocate franco-tunisienne aura consacré sa vie à la cause des femmes, et surtout au droit à l’avortement. Elle est décédée mardi 28 juillet, au lendemain de son 93e anniversaire. « Elle s’est éteinte dans la sérénité, à Paris », a déclaré à l’AFP l’un de ses trois fils, Emmanuel Faux, estimant que sa mère avait eu « une belle vie ».
Zeiza Gisèle Taïeb, dite Gisèle Halimi, est née le 27 juillet 1927 à La Goulette (Tunisie), d’une mère juive, Fortunée Metoudi, et d’un père d’origine berbère, Edouard Taïeb. Une éducation traditionaliste nourrit son engagement féministe. Très vite, elle se révolte contre les obligations qu’on lui impose, entamant une grève de la faim à 13 ans. Sa mère lui préfère le fantôme de son petit frère André, mort accidentellement à 2 ans. Après des études au lycée de jeunes filles de Tunis, à la Faculté de droit et de lettres de Paris et à Sciences-Po, elle entre au barreau de Tunis en 1949 et poursuit sa carrière d’avocate à Paris.
Mariée à Paul Halimi, administrateur civil au ministère de l’Agriculture, dont elle gardera le nom, elle se remarie avec Claude Faux, ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre, dont elle a été l’amie et l’avocate. Elle milite également pour l’indépendance de la Tunisie, pour celle de l’Algérie, dénonce la torture pratiquée par l’armée française. Elle présidera une commission d’enquête sur les crimes de guerre américains au Vietnam. Parmi ses affaires emblématiques, en 1972, le dossier d’une jeune fille française de 16 ans, qui avait avorté après avoir été violée.
Elle sera l’une des signataires du « Manifeste des 343 », dit « des 343 salopes », paru le 5 avril 1971 dans « le Nouvel Observateur », ces femmes qui ont eu le courage d’affirmer publiquement qu’elles s’étaient fait avorter.
source : OBS