L’étudiant laïc Pier Giorgio Frassati a été déclaré saint ce dimanche à Rome, aux côtés de Carlo Acutis, un adolescent italien féru d’Internet décédé en 2006. Né à Turin en 1901, Frassati était reconnu pour son engagement social et spirituel.
Fils d’Alfredo Frassati, grand bourgeois, propriétaire du quotidien La Stampa et ambassadeur à Berlin en 1921, Pier Giorgio grandit dans une famille aisée, mais éloignée de la foi : un père athée, une mère indifférente à la religion. Lui, pourtant, se distingue par une foi vive et sincère. Le théologien Karl Rahner, qui l’avait côtoyé à Berlin, écrivait : « Sa foi n’avait aucune explication humaine. » Sa sœur confiait : « Pier Giorgio avait quelque chose que nous ne pouvions comprendre. »
Très tôt, il s’investit dans la vie chrétienne : Fédération des étudiants catholiques italiens, Action catholique, puis le Parti populaire de Don Luigi Sturzo, en opposition au fascisme montant. Battu et arrêté lors d’une manifestation à Rome, il s’indigne des compromissions de certains catholiques : « Le gouvernement fasciste commet des ignominies et tente de les couvrir en mettant des crucifix dans les écoles. »
Proche des plus démunis, Pier Giorgio consacre tout l’argent que lui donne sa famille à acheter nourriture, vêtements et charbon pour les pauvres, au grand désarroi de son père, qui lui reproche ses « vagabondages ». Lors d’une visite à un malade, il contracte une poliomyélite qui le terrasse en quelques jours. Il meurt en 1925, à seulement 24 ans. Ses funérailles révèlent alors l’ampleur discrète de son engagement : des milliers de pauvres escortent son cercueil, à la stupeur de sa propre famille.
Béatifié en 1990 par Jean-Paul II, Frassati est crédité d’un miracle : la guérison en 1933 de Domenico Sellan, un Italien de 40 ans, paralysé et condamné par une tuberculose de la colonne vertébrale. Après avoir reçu une image de prière à Pier Giorgio, il retrouve la santé et vit encore 35 ans.
La canonisation de ce dimanche 7 septembre 2025, la première présidée par le pape Léon XIV depuis son élection en mai, s’inscrit dans le cadre du Jubilé, « Année sainte » de l’Église catholique, qui attire déjà plus de 24 millions de pèlerins à Rome, selon le Vatican.
