Ce 5 août 2025 marque le 61e anniversaire du massacre des Vêpres jérémiennes, l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire politique contemporaine d’Haïti, survenu sous le régime dictatorial de François Duvalier.
Le massacre débute le 5 août 1964, à la suite du débarquement sur le littoral de la Grand’Anse de treize membres du groupe armé “Jeune Haïti”, venus tenter de renverser la dictature. Parmi eux, Max Armand, Marcel Numa, Louis Drouin, et dix autres jeunes militants, majoritairement issus de la bourgeoisie mulâtre, déterminés à combattre l’oppression duvaliériste.
En réaction à cette tentative d’insurrection, le régime duvaliériste ordonne des représailles sanglantes à Jérémie, visant les familles des insurgés. Sous les ordres du commandant Williams Régala, les forces militaires et les miliciens des Tontons macoutes mènent une vague d’arrestations, de tortures et d’exécutions sommaires.
Au total, 27 personnes issues principalement des familles Drouin et Sansaricq parents, enfants et proches des membres de Jeune Haïti sont massacrées. Hommes, femmes et enfants sont tués dans des conditions atroces. Ces exécutions, justifiées par le régime sous prétexte de politique de “sécurité nationale”, traduisent également une violente persécution raciale et de classe, dans un contexte de tensions entre les élites mulâtres et le pouvoir noiriste duvaliériste.
Le terme « Vêpres jérémiennes » fait référence aux traditionnelles sorties dominicales en campagne de certaines familles de la ville, souvent divisées selon des critères sociaux et raciaux, accentuant les fractures communautaires de l’époque.
Plus de six décennies après, ce massacre reste profondément gravé dans la mémoire collective des Jérémiennes et Jérémiens. Chaque année, malgré l’absence de cérémonies officielles, des hommages privés et des initiatives portées par les familles des victimes sont organisés pour honorer la mémoire des disparus. Ces gestes de souvenir rappellent, avec force, les dangers de la dictature, de l’intolérance politique et de la haine sociale.