Si pour beaucoup de jeunes haïtiens aller s’établir dans un autre pays se présente comme l’unique moyen de se créer une vie meilleure, il en est tout autre pour une majorité des jeunes Jérémiens,. Leur eldorado, qui n’est cependant pas sans risque, c’est la mer qui leur offre un bien inestimable à leurs yeux, les anguilles de mer ou le Zangui.
« Ti Zangui » dans le quotidien des jérémiens
Depuis ces deux dernières années, à chaque tombée de crépuscule jusqu’à l’aube, depuis la baie de Jérémie jusqu’aux rives des Roseaux, des lanternes frontales dansent comme des milliers de feux follets, perçant l’obscurité de la mer rivalisant parfois la clémence de la lune.
Dès 6h PM, c’est le branlebas. Au bas de la ville de Jérémie les motards s’entrecroisent. Leurs passagers ainsi que d’innombrables piétons, des jeunes en majorité, mais aussi des adultes, maintes catégories confondues, venus de toutes les communes du département de la Grand’Anse portent un filet de pêche rudimentaire destiné à attraper les anguilles tout le long du rivage, transformé la nuit en une nappe d’étoiles mouvantes et scintillantes. Leur danse folle ne s’arrête que vers 4h-5h AM, l’heure à laquelle les échines se redressent
Pour reprendre les mots des pêcheurs cette espèce sous-marine est très rare sur la planète, et très prisés dans certains pays asiatiques qui sont prêts à payer le prix fort par gramme. Dans cette foule diversifié qui se rassemble au bord de mer, de Jérémie jusqu’`a la commune des Roseaux, il y en a qui sont là pour acheter et aller revendre et ceux qui sont, sans passer par des intermédiaires, ont des acheteurs en attente à kla capitale haïtienne.
Le Zangui une nouvelle source de revenus
La demande de cette espèce de mer et de la rivière est devenu une source véritable de revenus pour ceux qui s’y adonnent..
Une fois pêché, l’anguille doit rester en vie. Aussi est-il enveloppé dans des sachets en plastique remplis d’oxygène. Morts, ils ne valent plus rien. Comment l’anguille est-il devenu si prisé et si particulier ?
William Jean Eddy, 39 ans, pêcheurs et résident de la zone explique au journal l’importance du Zangui pour les gens de la communauté. « Vous allez comprendre pourquoi », devenu spécialiste en la matière. « Une gramme de zangui correspond à 8 variété de cette espèce, et chaque gramme coute environ 400 Gourdes. Alors imaginez-vous vendre 80 grammes par jour ? Cela vous fait gagner approximativement 25 000 à 32000 Gourdes par jour. », dans un pays sans emploi. Ce qui d’ailleurs parait possible quand l’affaire est florissante et que la demande est très forte.
Les acheteurs et finalité
Renel un étudiant en Agronomie, 25 ans, qui est aussi un acheteur et vendeur, approché par le journal, interrogé sur la finalité de cet engouement pour ce fruit de mer « je suis là pour acheter6 gramme de zangui pour ensuite aller les revendre aux agences aux prix le plus fort Mais qui sont les acheteurspotentiels?
« Je ne pose pas de question, l’important c’est d’avoir mon argent ». Mais il ajoute « Pour nous les acheteurs sont souvent des gens d’autres nations. Pour les désigner, on utilise le mot « blanc » pour reprendre le langage vernaculaire, notre façon de décrire les étrangers qui s’adonnent aussi à cette activité très enrichissante.
Plusieurs thèses ont été avancées par la population, prétendant que l’anguille est destiné à des fins pharmaceutiques, à la fabrication de médicaments pour la guérison complète de certaines maladie jusque –là incurables. D’où plusieurs points d’achat et vente établis un peu partout le long de la côte, depuis la baie de Jérémie, longeant l’embouchure jusqu’aux rives de la commune des Roseaux, et même jusqu’à Pestel, Corail prétendent certains.
Une activité rentable mais risquée et informelle
Cependant, une tranche de la population dénonce l’indifférence de l’Etat face aux nombreux cas de mort par noyade découlant de cette pêche nocturne, sous le regard complice et/ou impuissant des jeunes qui ne se risquent pas à porter secours, mais se limitent à obtenir leur gagne-pain. En effet, beaucoup de jeunes pêcheurs, en s’éloignant du rivage, se retrouvent parfois en difficultés à cause de leur inexpérience et leur méconnaissance des fonds marins.
Une jeune femme qui souhaite garder l’anonymat nous a fait un peu le résumé de la situation : “Si vous voulez survivre dans cette activité, il faudrait faire partie d’un clan. Si vous êtes seul, vous risquez la noyade sous le regard indifférent des autres pêcheurs ». Dire que le Code pénal haïtien sanctionne le refus d’assistance à personne en danger et que par ailleurs toute mort doit être investiguée. »
De fait, l’Etat comme beaucoup d’autres activités économiques n’a aucun contrôle sur cette activité de pêche des anguilles. En outre l’espèce risque l’extinction avec des conséquences néfastes sur l’environnement maritime. En de ces facteurs, les appels de la population plus avertie à un contrôle des autorités sur cette activité de pêchedemeurentpersistante.
Flavien Janvier