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Devoir de Mémoire à Jérémie : Un Forum Symbolique pour « Sauver des Vies » !

Dimanche 12 janvier 2025, 10h35 AM. L’éclat du soleil du matin glissait à travers les fenêtres de l’auditorium de la Bibliothèque municipale de Jérémie, tandis qu’un silence solennel régnait parmi l’assemblée. Autorités publiques, membres d’organisations de la société civile, représentants de la Croix-Rouge et de la Protection Civile, mais aussi écoliers et étudiants, ont répondu à l’invitation de GRADE qui s’est allié à la Protection Civile, pour un forum commémoratif en souvenir du séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Dans une ambiance empreinte à la fois de recueillement et d’espoir, les participants ont honoré la mémoire des victimes et réaffirmé leur engagement envers la prévention des catastrophes, illustré par un mot d’ordre chargé d’émotion : « sauver des vies ».

Un hommage douloureux mais nécessaire

Dès les premiers instants, l’événement, coordonné par le Groupe d’Appui au Développement et à la Démocratie (GRADE), en partenariat avec la direction départementale de la Protection Civile de la Grand’Anse, a plongé la salle dans un profond recueillement. 

Le 12 janvier 2010, près de 300 000 vies ont été fauchées en Haïti, laissant le pays en état de choc et de désolation. « Nous sommes ici pour ne jamais oublier, pour honorer chaque femme, chaque homme, chaque enfant emporté par cette tragédie », a déclaré au journal, la voix vibrante d’émotion, Anne Shescka Alexis, représentante de KOREM, une organisation défendant le dignité des jeunes mères.

Pour beaucoup de survivants et de proches, dont Mme Roselore Aubourg, qui a contenu difficilement ses larmes au souvenir de la tragédie qu’elle a vécue dans la capitale haïtienne, « la date du 12 janvier est inscrite dans la mémoire collective comme un symbole de perte et de deuil. Mais au fil du temps, elle est aussi devenue un rappel puissant de la nécessité d’une résilience nationale face aux risques naturels ». « Les douleurs sont toujours présentes, mais nous avons également appris à puiser dans cette expérience pour mieux nous préparer », a confié Mme Christine Monquélé, directrice départementale de la Protection Civile.

Sensibilisation et messages clés

Le forum a duré quatre heures, rythmé par des chants, présentations, déclamations de textes tirés du livre de Charles Tardieu, « 35 secondes dans une vie… », et des témoignages. Les Coordonnateurs de GRADE et de IDETTE, respectivement Dr Yvon Janvier et Gérald Guillaume, Mme Monquélé pour la Protection Civile, ainsi que des représentants d’ONG, de la société civile, ont partagé leurs analyses sur les défis que rencontre encore Haïti en matière de prévention des risques et de gestion des catastrophes. Faisant partie du panel, Me DieumersonMathurin du CRS et l’expert Mathieu Luckecy, pour la Protection Civile, ont souligné l’importance d’investir dans la formation, la construction parasismique et le renforcement des infrastructures. Ils ont également insisté sur le rôle crucial de la mobilisation communautaire, car chaque citoyen peut, à son niveau, contribuer à réduire les vulnérabilités.

Au cours des discussions, l’accent a été mis sur l’implication des jeunes, qui représentaient une part significative de l’assistance. « La jeunesse haïtienne doit être placée au cœur de l’action préventive. Ils sont la force de demain, porteurs de nouvelles idées et d’un dynamisme essentiel pour bâtir un pays plus sûr », ont souligné en des termes analogues presque tous les intervenants, rappelant que l’éducation et la sensibilisation constituent des leviers fondamentaux pour forger une conscience collective face aux menaces sismiques et climatiques.

Le serment de « sauver des vies »

Le moment le plus marquant s’est produit à la demande du coordonnateur de GRADE, Dr Yvon Janvier, qui, avant la clôture, a lancé un appel à toute l’assistance de se tenir debout, les mains droites levées à la verticale, pour qu’elle prononce un « engagement solennel de sauver des vies ! ». À l’unisson, les voix se sont élevées dans l’auditorium, résonnant comme un serment collectif, porteur d’espoir et de solidarité. Cette formule simple, mais profondément symbolique, a illustré la volonté unanime de transformer le souvenir douloureux du séisme en une promesse d’action concrète, capable de protéger et de préserver des existences futures.

« Nous ne pouvons pas changer l’histoire, mais nous pouvons construire l’avenir », a confié au journal avec ferveur Yvon Janvier, docteur en droits humains. Pour beaucoup de participants, ce moment a incarné à la fois la conclusion émouvante de la commémoration et le signal d’un nouveau départ, résolument tourné vers une meilleure résilience nationale.

Une mobilisation impérative pour l’avenir

Alors que les participants quittaient progressivement l’auditorium, l’esprit de fraternité et de détermination flottait encore dans l’air. Les responsables de la Croix-Rouge et de la Protection Civile ont rappelé que la prochaine étape consistait à renforcer les dispositifs d’alerte précoce, à encourager la formation en secourisme et à veiller au respect des normes de construction. De nombreux jeunes présents ont également exprimé leur volonté de s’impliquer davantage dans les clubs de prévention des risques et dans les actions de sensibilisation dans leurs communautés.

« Nous avons entendu un appel à l’union et à la prise de responsabilité. L’heure est venue pour chacun de se mobiliser, d’acquérir les bons réflexes et de diffuser les connaissances », a insisté un représentant local de la société civile. Les participants ont tous reconnu la nécessité d’agir dans un cadre concerté, partageant savoir-faire, ressources et volonté politique.

Appel à l’action : transformer la commémoration en engagement durable

À travers cet événement, Jérémie a offert au pays et au monde un message puissant : le souvenir du 12 janvier 2010 n’est pas seulement un devoir de mémoire, mais aussi un catalyseur pour faire avancer la cause de la prévention des catastrophes. La prochaine grande étape sera de s’assurer que l’engagement de « sauver des vies » ne reste pas un simple slogan, mais se traduise par des actions tangibles, ancrées dans le quotidien.

La rédaction de J-COM, pour sa part insiste. Que vous soyez parent, enseignant, entrepreneur ou jeune étudiant, vous pouvez jouer un rôle déterminant. Soutenez les initiatives locales de formation, respectez les normes de construction, participez aux séances de sensibilisation et, surtout, portez ce message autour de vous. Car comme l’a rappelé l’un des orateurs, « un pays préparé est un pays qui se protège et préserve son avenir ».

Le projet en cours de GRADE, « Formation de Leaders en Crises Humanitaires et d’urgence », proposé par Dr Yvon Janvier, gagnant du prix Alumni Engagement InnovationFund (AEIF) 2024, sponsorisé majoritairement par l’ambassade américaine en Haïti, et ensuite par la Fondation Communautaire Haïtienne, FCH-Espwa, fait partie de cette préparation.

Si l’ombre du 12 janvier 2010 plane encore sur notre mémoire collective, elle ne saurait éclipser la lumière d’une Haïti plus forte, plus solidaire et plus résiliente. Ensemble, faisons de ce devoir de mémoire un tremplin vers un engagement durable et une prévention à la hauteur des défis qui nous attendent. Après tout, l’histoire ne s’écrit pas seulement avec des souvenirs, mais aussi avec la force inébranlable des promesses tenues.

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